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FAUX: Il n'y a pas eu de détournement de dons destinés aux personnes affectées par la COVID-19 à Bamako

Les investigations de la police ont abouti à un quiproquo ; la cargaison a été déchargée dans un entrepôt privé après une rupture de communication.

Un post Facebook affirmant que du riz destiné à être distribué aux patients de la COVID-19 a été détourné et planqué dans un magasin à Bamako est FAUX.

Le post viral, publié le 29 mai par Kati 24, affiche une vidéo montrant des sacs de riz empilés dans une pièce et affirme qu’un camion transportant des dons destinés aux patients de COVID-19 a été détourné et déchargé dans un magasin.

La rumeur de détournement a immanquablement fait des vagues au Mali.

Dans sa vérification des faits, PesaCheck a recueilli des preuves qui montrent que la cargaison s’était en réalité retrouvée dans un entrepôt de Bamako, après une rupture de communication entre les parties prenantes impliquées.

La chronologie des faits illustre à suffisance, ce qui s’est réellement passé.

Tout est parti d’une alerte lancé par l’activiste Mamadou Seyba Kouyaté, après que des camions chargés du lot eussent été aperçus devant des magasins privés au marché de N’golonina à Niaréla, en commune 2 de Bamako. L’intéressé a signalé à la police que des dons de nourriture avaient été détournés vers des entrepôts privés.

Dans ses investigations, PesaCheck a appris que le 11 mai, le commissariat à la sécurité alimentaire avait effectivement décidé de mettre à la disposition de la direction régionale de la santé, 100 tonnes de riz et 145 tonnes de céréales. Des vivres destinés aux personnes affectées par la maladie à coronavirus et dont la directrice régionale de la santé de Bamako, Assa Badiallo Touré, a en réalité, décliné la réception, car, estime-t-elle, c’est aux services des affaires sociales de s’en charger.

Mamadou Sow, agent du ministère de la santé et des affaires sociales, était chargé de veiller à ce que les dons parviennent aux destinataires.

Le 27 mai, sur instructions de Mama Coumaré, secrétaire général du même ministère que lui, Sow demanda à l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM) d’acheminer les camions, à destination, soit la direction régionale de la santé. Ceci, sous la co-supervision du chef de la comptabilité matière de l’entité destinataire.

Nos sources révèlent ensuite que, tandis que la cargaison était en route, la directrice régionale de la santé, Assa Badiallo Touré, enjoignit aux véhicules de retourner à l’entrepôt de l’OPAM, avec les produits, parce qu’elle n’avait pas la capacité de stocker pareille cargaison.

C’est au cours de cette manœuvre de retour à l’OPAM que les camions se sont malencontreusement retrouvés devant un entrepôt privé, ce qui déclencha les suspicions, pour ne pas dire les accusations, de détournement.

Au fond, face au refus d’Assa Badiallo de réceptionner les sacs de riz et de céréales, l’OPAM a également éconduit le convoi de son côté, prétextant qu’il ne reprenait aucun lot, une fois que celui-ci était sorti de ses locaux.

Voici donc Mamadou Sow et ses collaborateurs dans une impasse, une cargaison de près de 250 tonnes de riz et céréales sur la main et face au choix cornélien du lieu de stockage.

L’équipe chargée d’acheminer les vivres restera dans cette situation pendant d’interminables heures ; jusqu’à la mi-journée du lendemain, plus précisément.

C’est alors qu’en l’absence de directives de la part de leurs supérieurs qui puissent leur permettre de décanter la situation, ils décidèrent de décharger la cargaison dans un entrepôt privé, en attendant.

Mamadou Seyba Kouyaté aperçut les camions, tira la sonnette d’alarme et la police se saisit de l’affaire.

Aussitôt, le ministère de la santé, à travers un communiqué, a instruit des actions nécessaires pour faire la lumière sur la situation.

Première conséquence, l’officier en charge de la mission, Mamadou Sow, fut suspendu de ses fonctions. Onze autres personnes ont également été auditionnées pendant cinq heures par le procureur du tribunal de grande instance de la commune 2.

Interrogé par le procureur, Mamadou Sow explique que les dons devaient être acheminés à la direction régionale de la santé. Et vu que celle-ci n’avait pas de place pour le stockage, selon la responsable, la cargaison s’est alors retrouvée dans un entrepôt privé.

« J’ai demandé aux transporteurs de retourner avec les produits dans les magasins, ce, sans autre précision. Je n’ai dit à qui que ce soit d’aller déposer les vivres dans un magasin à Niaréla » s’est-il justifié.

L’un des mis en accusation dans l’incident, non identifié, clarifie ce point en apportant la pièce qui manquait au puzzle.

Tandis que l’équipe chargée de la mission s’était retrouvée prise entre le marteau et l’enclume, « j’ai sollicité un ami commerçant à Niarela qui a accepté de stocker les riz dans son magasin », fait savoir ce dernier.

Ces faits sont également détaillés dans une vidéo de Mamadou Sow, publiée par Moussa Sey Diallo, responsable adjoint à la communication du principal parti d’opposition au Mali.

Le ministère de la santé a toutefois rassuré dans un communiqué, que le stock destiné être distribué aux personnes affectées par la COVID-19 a été retrouvé intact. Au demeurant, les produits ont déjà été distribués à qui de droit.

Face à tous ces arguments, le procureur a conclu qu’il n’y avait aucune preuve de détournement et a relaxé Mamadou Sow et ses co-accusés. Mais par mesure de prudence, il a décidé d’une poursuite contre X.

Contacté par PesaCheck dans la soirée du mercredi 03 juin, Mamadou Sow a affirmé qu’il reprendra service le lundi 08 juin.

PesaCheck a enquêté une affirmation selon laquelle un camion de riz destiné aux personnes affectées par la COVID-19 a été détourné et déchargé dans un magasin à Bamako et à trouvé que c’était FAUX.

Source: Pesacheck

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